«Une situation ubuesque où quelques habitants imposent un débat aux élus»
Pierre Obrecht, ancien candidat Renaissance aux sénatoriales, ou encore assistant parlementaire d’Yves Blein, se livre, dans cette tribune, à une critique des conseils de développement de la Métropole de Lyon.
Les conseils de développement sont des instances de démocratie participative permettant aux assemblées délibératives des établissements publics de coopération intercommunale d’enrichir leur réflexion par les travaux de membres issus de la société civile. Les conseils de développement n’existent donc pas dans les collectivités locales dont les élus sont désignés au suffrage universel direct. Sauf… sauf dans la Métropole de Lyon !
Dans cette nouvelle collectivité territoriale, le conseil de développement subsiste sans raison apparente si ce n’est, diront les mauvaises langues, pour satisfaire les plus éminents de ses anciens membres…
« Il faut bien donner de l’activité aux professionnels de la participation citoyenne »
Constitué de tous ceux qui veulent y participer (sic), il est « administré » par un Comité d’organisation (90 membres tirés au sort) qui « désigne » un bureau de 12 membres. Sa première mission est « d’être à l’écoute des habitants de la métropole et de la société civile organisée », afin de faire remonter leurs préoccupations auprès des élus.
On peut légitimement se demander en quoi « l’écoute » de ce conseil de développement serait de meilleure qualité que celle des 150 conseillers de la métropole désormais élus directement par les électeurs du Grand Lyon. On concédera qu’il faut bien donner de l’activité aux professionnels de la participation citoyenne dont la dernière initiative en cours est l’organisation d’un concours de photo – forcément citoyen, le concours – sur le thème des « espaces publics inclusifs et apaisés ».
Mais là où le dispositif devient franchement drôle, c’est quand on apprend que ce conseil de développement a décidé d’utiliser son nouveau pouvoir d’inscrire une question à l’ordre du jour du prochain conseil de la métropole ! Les conseillers métropolitains ont en effet découvert qu’une « question orale du conseil de développement pour une évaluation citoyenne de la zone à faible émission » serait débattue avant les rapports inscrits au conseil du 27 mars.
« Une situation pour le moins ubuesque »
Rappelons que chaque conseil de la métropole s’ouvre par de longues et souvent laborieuses déclarations de politique générale lues par les différents présidents de groupes. Nul doute que la question de la ZFE aurait été soulevée par ces élus sans que le conseil de développement ne s’invite aux débats par cette « question orale » !
Il est peut-être temps de s’interroger sur cette situation pour le moins ubuesque où quelques habitants, sans aucune légitimité démocratique, imposent à des élus de débattre sur une question afin d’obtenir une évaluation – forcément citoyenne, l’évaluation – d’une politique publique rendue obligatoire par la loi.
La création de la métropole de Lyon est incontestablement un immense progrès démocratique : Enfin, les grands lyonnais choisissent directement leurs 150 conseillers métropolitains qui les représentent. Mais il conviendrait de veiller à ce que ce progrès ne soit pas noyé dans un maelström participatif – forcément citoyen, le maelström – qui finit par priver les élus de leurs responsabilités et par là même, par décourager les électeurs de continuer à aller voter.